(ni ceci ni cela)

lundi 4 février 2019

Renouer, dénouer

 
Un bon psychanalyste et un bon gourou peuvent remplir les mêmes fonctions. Leur raison d'être est de créer une situation qui vous permette de renouer avec vous-même et d'habiter vos propres fantasmes, phobies, fixations, désirs, obsessions. En devenant conscient de tout cela, vous êtes en mesure de les observer de l'extérieur, de les examiner, et, sans essayer de les rejeter ou de les supprimer, vous pouvez œuvrer avec eux, en les considérant comme de pures projections de votre esprit.
Ce que j'ai tiré de la psychanalyse est essentiellement l'association libre des choses dont on n'est pas conscient. L'exercice de la méditation, je veux dire la pratique de la méditation assise, permet l'émergence à la surface d'éléments inconscients, invisibles d'ordinaire. Vous n'avez pas besoin de quitter votre coussin de méditation ; vous n'avez qu'à les voir défiler et processionner, qu'à les voir se répéter pour devenir de plus en plus transparents et donc de moins en moins obsédants. C'est assez comparable avec la méthode de Burroughs qui consiste à découper ses propres obsessions et fantasmes au niveau du langage pour pouvoir les considérer d'une façon inédite, avec distance. Pour voir l'espace autour d'eux.
Dans la psychanalyse, dans la méditation ou la méthode des cut-up de Burroughs, ce qui est investi, c'est l'espace environnant, ce qui encercle la baudruche de la pensée.
 
(Allen Ginsberg, Entretiens, 1978)