dimanche 5 novembre 2017

tic tac






Si vous avez 5 minutes, je vous invite à une petite expérience. Prêtez attention aux sons qui parviennent à vos oreilles en cet instant.         (faites-le vraiment)
L'impression première est que les sons sont plus ou moins lointains, extérieurs, à distance de vous les écoutant. Très bien. Continuez à écouter. Rien qu'écouter (sans cogiter). Pure écoute. Encore un peu et vous pouvez observer que l'impression de distance entre vous et les sons se réduit progressivement. Bientôt il vous sera impossible de distinguer le moindre espace, la moindre séparation entre les sons et l'écoute.  
Voilà ce que révèle l'expérience directe : l'absence de séparation entre la perception et le perçu, l'absence de séparation entre vous écoutant et le monde écouté. Dans l'expérience directe, sans penser, il n'y a pas de distance, pas de séparation, tout apparaît ici. Il n'y a qu'écoute. Pas même une personne écoutant quelque chose d'extérieur. Glop.




"Bien optimiste" parce que ne viendra probablement jamais. Je suis très pessimiste sur le devenir collectif de quoi que ce soit de bon. Par contre, la révolution à l'échelle individuelle, ça oui — d'expérience je sais qu'elle est possible, actualisable.
On se jette sur tout, on instrumentalisme tout, on veut tirer profit de tout immédiatement. La révolution qu'indique Cézanne est d'aller contre cette fichue habitude, et de maintenir (quelques instants au moins) l'observation avant de passer à table. Cela rejoint ce que j'appelle dans mon livre "la pratique de l'arrêt" (exercice poétique numéro 1 - le sésame (Cézanne !) de l'accès au jardin poétique).