Voyez-vous l'objet en relief qui se trouve au centre de cette image ? Oui ? Non ? (C'est aussi énorme que le nez au milieu de la figure.) Je ne vois pas meilleure façon d'évoquer l'émergence subite de la présence (ce qu'on peut appeler le satori) : un soudain changement de focale qui provoque un basculement de perspective.
Tout d'abord on ne voit rien — tout est embrouillé, la conscience est confuse, bruyante, dispersée. Puis on nous informe qu'il se tient là quelque chose à découvrir — c'est l'invitation à trouver par soi-même. On cherche — on fait un effort pour trouver, on se fatigue, on s'exaspère. Et puis d'un coup, l'image en 3D apparaît. C'est magique. Elle était là mais on ne la voyait pas. Maintenant qu'on l'a vue, il semble qu'on ne puisse pas ne plus la voir. Pourtant, en un instant, hop, elle disparaît à nouveau. Mince alors. On sait maintenant qu'elle est là, qu'il suffit d'un rien pour la retrouver, mais on ne sait plus comment s'y prendre.
L'image plate et confuse du départ, c'est la vision ordinaire du réel (ou plutôt de la réalité) : indifférence — on bâille, on somnole, on s'emmerde un peu dans la grisaille. L'invitation, c'est quand on croise un type informé. L'effort pour trouver, c'est la laborieuse et très frustrante recherche spirituelle. La vison soudaine, c'est l'éveil, le satori. La perte de la vison, c'est la nuit noire de l'âme. Les retrouvailles avec la vision, c'est les retrouvailles avec soi-même (le retour à la maison après des siècles d'errance).
Oui, décidément cette métaphore est excellente.