Ce que l'on aime, loin de le détruire, on le nourrit. Quand on aime une plante, on l'arrose ; quand on aime un chat, on lui donne croquettes et caresses ; quand on aime une femme on lui donne tout ce qui l'aide à vivre. Et en retour la plante rayonne, le chat nous comble par sa présence, la femme nous donne tout ce qui nous aide à vivre. Et tout ça spontanément - si on a un cœur simple et mystique. Alors ? Où est le problème ? Quelle entrave pour une chose si naturelle ? Mais si on se prend pour un moi bien identifié, bien tordu, accroché à sa petite histoire papa maman, qui se dit j'essaie d'aimer toutes ces choses et ces êtres qui sont séparés de moi, alors ça devient une affaire impossible, un deal véreux, une tractation vouée à l'échec.
Tout ce qu'on aime d'un amour personnel (non mystique) finit presque toujours par nous tétaniser. J'ai remarqué ça. C'est le tardif effet pervers de l'amour.
Par exemple, si vous aimez le chocolat, eh bien fatalement, un jour, le chocolat vous tétanise. Si vous aimez l'argent, pareil : vous devenez prisonnier de l'argent, vous étouffez comme oncle Picsou sous une montagne de billets. Vous aimez les chats ? Très vite ils vous étouffent, vous ne pouvez plus inviter personne chez vous tellement c'est devenu chez eux. Vous aimez méditer ? Un jour ou l'autre vous voilà prisonnier de la méditation, elle devient votre malédiction. Vous aimez l'adorable Alice au point de vous marier à elle ? Vingt ans plus tard, elle vous... Bon bref, vous avez compris le principe.
Qu'en déduire ? Qu'il faut se garder d'aimer ? Comme vous y allez !