Nous avons formé un duo assez drôle jeudi à la librairie Les Traversées. Moi en chien un peu foufou, Lise en digne capitaine du drôle de navire qu'est La femme sans bouche. Le public riait.
Ne manquez pas notre prochain numéro, lundi 21 à la Maison de la poésie :
https://maisondelapoesieparis.com/programme/lise-charles-francois-matton-la-femme-sans-bouche/
samedi 19 novembre 2022
Un bon duo
mercredi 16 novembre 2022
Vive la Belgique !
(Article de Geneviève Simon sur La femme sans bouche dans La Libre Belgique)
À partir de dessins de François Matton réalisés depuis qu’il a quinze ans, Lise Charles tisse une prodigieuse toile.
★★★ La Femme sans bouche, roman graphique de Lise Charles et François Matton, P.O.L., 304 pp. Prix 32 €
Feuilleter La femme sans bouche suffit à se laisser convaincre de découvrir la proposition que cosignent la romancière Lise Charles et le dessinateur François Matton: la formule du carnet qui n’a jamais perdu son attrait, le jeu des couleurs et d’un trait qui se démultiplient, l’apparence bricolée qui titille la curiosité.
Déjà auteure de trois romans et, sous le nom de Marianne Renoir, de deux textes pour la jeunesse, Lise Charles (1987) s’est plongée dans l’immensité du travail, dessins et aquarelles, que François Matton a réalisé depuis qu’il a quinze ans : c’est sur ce matériau qu’elle s’est appuyée pour écrire une histoire qui, sous sa plume, a consisté à créer des liens entre les éléments qu’elle avait sous la main. Sachant cela, on ne peut qu’être bluffé par la fluidité du résultat. Quant au travail de François Matton, dessinateur chevronné qui a signé une bonne dizaine de titres, il le dépeint lui-même (sur le site des éditions P.O.L.) mieux qu’on ne pourrait le faire: “Il voit dans sa pratique du dessin, qu'il lie à l’écriture, une façon de célébrer tout ce qu’il perçoit: le plus proche comme le plus lointain, le plus trivial comme le plus noble, le plus grave comme le plus léger. Tout vient se placer sur sa feuille sans aucune hiérarchie. Tous les registres se mêlent indifféremment, ce qui donne lieu à de curieuses rencontres”.
Thomas a dix-sept ans. Dans les carnets qu’il tient, entre journal de bord et journal intime, il raconte sa vie de lycéen. Il y révèle être le neveu des auteurs (Lise, écrivaine, est la sœur de sa mère, et François, qui dessine, est le frère de son père). Thomas dessine tout le temps, avec un certain talent, ce que son oncle et sa mère encouragent. Celle-ci s’adonne depuis peu au yoga à domicile (confinement oblige), et Thomas est à la fois intrigué et fasciné par la prof qu’il nomme la femme sans bouche. Solitaire, Thomas compte peu d’amis. Pierre, qui lui est le plus proche, va tomber amoureux de la femme sans bouche, ce qui provoque en Thomas des sentiments mélangés empreints de jalousie.
“Parfois, j’aimerais partir loin de moi”, s’épanche-t-il. Dans ces cinq carnets, qui couvrent la période allant d’octobre 2020 à 2021 (sans doute, les dates disparaissant en cours de route), Thomas représente ses proches et ses profs, son mal-être et ses fantasmes sexuels (suggestifs ou explicites), son désir de faire du dessin son métier, son envie d’ailleurs, l’étrange sentiment d’être un sorcier. Le tout dégage une large gamme qui va de l’enfantin à la rage, de la poésie à la stricte illustration.
L’encre, le crayon, l’aquarelle s’y mêlent, et font, quand c’est nécessaire, la place belle au texte, qui est assuré et habile à rendre cette période charnière, équivoque, parfois déstabilisante, entre la fin de l’adolescence et l’aube de l’âge adulte. De l'ensemble se dégage une énergie, une curiosité, un appétit absolument vibrants. Quelque chose de délicieusement décalé, aussi.
Geneviève Simon
lundi 14 novembre 2022
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