(ni ceci ni cela)

samedi 2 février 2019

On dessine


Nina (à l'ombre d'une bouteille de rouge).



Moi dessiné par Nina.






mardi 29 janvier 2019

Personne


Qui se souvient de cet instituteur ayant travaillé dans 
le mouvement de la jeunesse à Cologne en 1923 ? 
Personne. Pas même lui.




lundi 28 janvier 2019

dimanche 27 janvier 2019

Jamais


Jamais je n'ai mangé de ragoût de bœuf avec des hommes silencieux, misérables, dans des gargotes minables. Jamais je n'ai dîné avec faste dans un immense appartement de Park Avenue. Je n'ai vu aucun film à dix cents sur Times Square, assis au premier rang du balcon, en chemise, à fumer et à rire. Jamais, sous une pluie battante, je n'ai contemplé un moment l'Atlantique en colère. Jamais je ne suis resté au coin d'une rue à Liverpool au milieu d'un après-midi léthargique en insultant les pavés parce que les pubs avaient fermé. Je n'ai fait l'amour à aucune femme au Canada, ni à Washington, ni à Nova Scotia, ni en Angleterre, ni au Groenland, ni à New York, ni dans le Maryland pas plus qu'en Nouvelle-Angleterre. Je ne suis jamais resté ivre dans un caniveau. Je n'ai escaladé aucune montagne au Groenland, ni contemplé de haut le mince ruban du fjord Ikatek. Je n'ai jamais trimé au soleil sur des chantiers. Je n'ai jamais assisté à des cocktails dans des penthouses de New York. Je n'ai jamais fait de porte-à-porte. Je n'ai jamais travaillé comme reporter dans un journal. Je n'ai jamais joué au football à l'université. Je ne suis sorti avec aucune actrice, aucun mannequin, aucune assistante sociale. Je n'ai jamais fait le moindre raffut dans les rues, pas plus que dans des bars ou des cafétérias. Et jamais, au grand jamais, je n'ai été frénétique, malheureux et avide de nouveaux horizons.


vendredi 25 janvier 2019

jeudi 17 janvier 2019

samedi 12 janvier 2019

jeudi 10 janvier 2019

lundi 7 janvier 2019

samedi 5 janvier 2019

jeudi 13 décembre 2018

mercredi 5 décembre 2018

Une cabane au Canada

J'habite une cabane au Canada. Je ne fais pas le ménage tous les jours. Je suis le gardien des chats. Je perds des poils au mollet. Je lis de moins en moins. La présence de la forêt me rassure. J'ai peur de mourir. Je ne peux plus lire sans lunettes. Les "je" me rassurent comme les arbres de la forêt. Une forêt de "je". Une forêt de j bien verticaux. jjjjjjj. C'est jjjjjjoli. Je vais continuer comme ça. Je verrai bien. Je. Et encore je. J'espère que tu te glisses facilement dans ce je. Je c'est aussi toi sinon c'est moche. Il y a plein de traces de pas dans la neige autour de la cabane. Ce sont les miennes. Evidemment. Je ne vais pas me faire croire qu'on s'est approché pour me faire une visite et qu'on est reparti comme si de rien n'était. Je suis en train de m'enfermer dans une fiction. Vite, cassons ça. De l'air ! Je suis l'as du pétrole. Je suis le gardien du phare. Je suis la Fée Clochette. Je suis la plus belle du canton. Mon décolleté me donne le vertige. Non seulement je m'aime mais je me désire. Je suis poursuivi par des chiens. Je cours aussi vite que Marathon Man. Je suis un peintre du dimanche particulièrement névrosé. Je m'applique comme personne. Je ne pars plus en vacances. Je reste auprès des chats. Je les déteste autant que je les aime. J'ai fait fortune du jour au lendemain. Quelle frayeur. J'ai à peine eu le temps de lever la tête que ça m'est tombé dessus. Je ne travaille plus. Je ne cuisine plus. Je me fais livrer. Je déprime sec. Je suis réticent. Je suis solitaire. Je ne vois plus rien de près. Je l'ai déjà dit. Déjà je me répète. J'aime me répéter. J'aime me répéter. J'aimerais être romancier. J'aimerais écrire de jolies choses. J'aime arroser les plantes. J'aime tant de choses. Je suis réticent à presque tout. Je l'ai déjà dit. Je le répète. Je répète que je me répète. C'est ainsi. Je ne vais pas en faire une maladie. J'ai acheté des choses essentielles. Je déménagerais volontiers. Je change de cap sans arrêt. Je tourne en rond. Je me perds. Je ne t'ai rien dit pour ta mère. Je suis désolé. Je regrette. Quoi ? Je dis n'importe quoi. Depuis trois jours je tremble de tous mes membres. Ce n'est pas vrai. Je me porte comme un charme. C'est faux. Depuis que j'ai repris le yoga je ne dors plus. Allez comprendre. Tout m'échappe. Je reste gourmand comme un enfant. Je mange le miel à la petite cuillère. Je baratte le beurre à la louche. Je suis d'un autre temps.

jeudi 29 novembre 2018

vendredi 23 novembre 2018

samedi 17 novembre 2018

jeudi 15 novembre 2018

mercredi 14 novembre 2018

dimanche 11 novembre 2018

vendredi 9 novembre 2018

mardi 6 novembre 2018

jeudi 1 novembre 2018

lundi 29 octobre 2018

vendredi 26 octobre 2018

dimanche 21 octobre 2018

jeudi 18 octobre 2018

Bad



lundi 15 octobre 2018

mardi 9 octobre 2018

Au Sept Elzévir

J'habite tout près du bois de Vincennes. Il est devenu mon atelier en plein air. C'est là, en bordure de Paris, que je puise l'essentiel de ce qui fait mon travail actuel. J'aime cette nature arrangée pour les citadins, j'aime y croiser une foule très disparate le week-end, j'aime y retrouver la solitude en semaine, j'aime son rythme et sa variété. Le bois reste un espace ouvert où il est possible de courir, de chanter, de jouer du tuba, de se promener sans but, de faire de la barque ou de pique-niquer entre amis, mais aussi de trouver un refuge pour ceux qui n'en n'ont plus ailleurs, de laisser libre court à sa folie douce, de fumer de l'herbe, de rêvasser, d'errer, de prendre du temps. Et de draguer. Le bois est aussi un lieu érotique où beaucoup s'affairent. Si on est rarement le spectateur direct d'une telle activité, on peut l'imaginer ou la fantasmer facilement. Ça contribue au charme de ce lieu complexe où pourtant je chercher la simplicité qui me fait souvent défaut : simplicité de la feuille sur le chemin, simplicité de l'herbe haute, simplicité de la lumière au travers des branches, simplicité de l'escargot, simplicité des troncs qui s'élèvent droits, simplicité de la présence des choses. 
L'invitation de cette exposition est de ralentir la marche, de lever le nez ou de le plaquer au sol, de marquer un arrêt, de faire un pas du côté des buissons, histoire de retrouver la simplicité de ce qui est là, sous nos yeux, et qui pourtant nous échappe la plupart du temps, affairés que nous sommes à ne pas voir, ne pas écouter, ne pas sentir. Mais ce n'est pas une fatalité. Il est toujours temps d'ouvrir les yeux et de savourer ce qui se tient là dans l'instant, au bois et partout ailleurs.

"Au bois"
Exposition visible encore jusqu'à samedi au Sept Elzévir
de 15h à 20h
7, rue Elzévir, Paris 3e





mercredi 3 octobre 2018

mercredi 26 septembre 2018

mercredi 12 septembre 2018

lundi 10 septembre 2018

vendredi 7 septembre 2018

jeudi 6 septembre 2018

lundi 3 septembre 2018

Dans le train

avant de descendre du train assurez-vous d'être bien là, priez, suppliez, 
rendez grâce, et merci de vous assurer de ne pas rencontrer le vide, 
de bien vérifier l'arrêt des choses, leur existence sous le pied, 
cela afin de ne pas glisser dans l'espacement situé ici ou là, 
ce qui vous ferait courir le risque de brouter la margelle


dimanche 2 septembre 2018

jeudi 30 août 2018

mardi 14 août 2018

dimanche 12 août 2018

samedi 11 août 2018

Pas de tête




Il est très drôle ce dessin, Oreilles Rouges. C'est toi ? Très drôle. Si si. Bon, après... moi je ne suis pas très "bonshommes". Je peux dire ça sans que tu te fâches ? (Dis-moi si tu supportes ou pas la moindre objection. Je veux discuter tranquillement, pas t'énerver ou te miner.) Je ne représente pratiquement jamais de bonshommes, tu as remarqué ? Sais-tu pour quelle raison ? Eh bien parce que je suis schizophrène. Et les schizophrènes ont un rapport très singulier à leur corps. Certains le perçoivent morcelé, d'autres ne le  perçoivent pas du tout. Moi, mon problème, c'est la tête. Pas un problème dans ma tête, mais un problème avec la tête. Je ne la vois pas. Je ne l'ai jamais vue. Je n'en ai vu que des images (pas très flatteuses). Je vois mes mains, mes pieds, mes jambes, mon ombre, mais je ne vois pas ma tête. Pourtant je devine qu'elle est là, mais j'ai beau faire je ne la vois pas. Alors tu comprends que dans ces conditions dessiner un bonhomme qui serait moi avec une tête me paraît relever de la pure science-fiction. Quant à me représenter sans tête vue de l'extérieur (de l'extérieur tel que je vois les autres - qui eux ont une tête), ce serait une autre fiction toute aussi éloignée de mon expérience. Du coup je dessine ce que j'ai sous les yeux. Pas de tête. Je pense que c'est notre expérience à tous (si on y prête attention et qu'on oublie cinq minutes les miroirs). Ce qui fait que la représentation d'un "je/narrateur" avec une tête, je vois ça comme une illusion issue d'une hypnose sociale. Ce qui fait que je ne fais pas de bd. Ce qui fait que je n'ai jamais reçu le prix d'Angoulême. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'ils détestent les schizophrènes. C'est ce qu'ils m'ont dit au téléphone quand je les ai appelés pour savoir pourquoi je n'avais toujours pas eu le grand prix. Ils m'ont dit : "Soit vous êtes complètement fou, soit vous êtes con. Je préfère me dire que vous êtes fou." Et ils m'ont raccroché au nez. Au nez de quel visage, me demanderas-tu ? C'est une bonne question.