J'habite tout près du bois de Vincennes. Il est devenu mon atelier en plein air. C'est là, en bordure de Paris, que je puise l'essentiel de ce qui fait mon travail actuel. J'aime cette nature arrangée pour les citadins, j'aime y croiser une foule très disparate le week-end, j'aime y retrouver la solitude en semaine, j'aime son rythme et sa variété. Le bois reste un espace ouvert où il est possible de courir, de chanter, de jouer du tuba, de se promener sans but, de faire de la barque ou de pique-niquer entre amis, mais aussi de trouver un refuge pour ceux qui n'en n'ont plus ailleurs, de laisser libre court à sa folie douce, de fumer de l'herbe, de rêvasser, d'errer, de prendre du temps. Et de draguer. Le bois est aussi un lieu érotique où beaucoup s'affairent. Si on est rarement le spectateur direct d'une telle activité, on peut l'imaginer ou la fantasmer facilement. Ça contribue au charme de ce lieu complexe où pourtant je chercher la simplicité qui me fait souvent défaut : simplicité de la feuille sur le chemin, simplicité de l'herbe haute, simplicité de la lumière au travers des branches, simplicité de l'escargot, simplicité des troncs qui s'élèvent droits, simplicité de la présence des choses.
L'invitation de cette exposition est de ralentir la marche, de lever le nez ou de le plaquer au sol, de marquer un arrêt, de faire un pas du côté des buissons, histoire de retrouver la simplicité de ce qui est là, sous nos yeux, et qui pourtant nous échappe la plupart du temps, affairés que nous sommes à ne pas voir, ne pas écouter, ne pas sentir. Mais ce n'est pas une fatalité. Il est toujours temps d'ouvrir les yeux et de savourer ce qui se tient là dans l'instant, au bois et partout ailleurs.
"Au bois"
Exposition visible encore jusqu'à samedi au Sept Elzévir
de 15h à 20h
7, rue Elzévir, Paris 3e