(ni ceci ni cela)

vendredi 2 septembre 2016

samedi 27 août 2016

C'est grave ?




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Bon. Je sais que c'est difficile à avaler mais, vois-tu, je suis intimement convaincu que tout ce qui arrive, que tout ce qui "m'arrive" ne pouvait arriver autrement. Je n'ai aucun pouvoir là-dessus, j'en suis persuadé. Je ne choisis ni ne décide rien, rien de rien. Même si je peux me faire croire le contraire - et je ne m'en prive pas. Avec ça, je n'existe pas. Du moins pas en tant que personne. Et bien entendu tu n'existes pas plus que moi. En fait personne n'a jamais existé en tant que personne — bien que nous tous croyons mordicus être une personne, le personnage central de "notre" existence. Mais ce n'est qu'une croyance, aucunement un fait. Notre pseudo existence d'être singulier et séparé n'est que le produit d'une construction purement conceptuelle sans la moindre consistance. C'est Babar dans le dessin animé qui se prendrait pour quelqu'un. C'est mignon mais c'est du délire. Babar n'existe pas, ce n'est qu'un dessin qui a l'apparence d'un individu. Martine à la plage, pareil. Sophie et ses malheurs, pareil. Pipeau, délire, pure hallucination. Ce qui ne veut pas dire que rien n'existe ! Il y a bien la vie (oui oui), un corps, des corps (aucun doute), des sensations (c'est l'évidence), de la lumière (et comment !), des arbres et des camions, des pensées, des croyances qui vont et viennent, des peurs, des désirs, des prises de tête, des orages, des illusions d'objets, une illusion de futur, une impression d'observation, une impression d'écouter, une impression qu'un moi-je parle, pense, choisit de se lever ou de se recoucher. Mais tout ça ne tient pas une seconde à la réflexion. C'est du bidon. Tout se fait tout seul de soi-même, il n'y a pas personne agissante Et bien entendu pas de dieu ni de plan divin, non, juste une impression de début et de fin, d'accomplissement éventuel, de progression dans le temps. Tout ça du seul fait d'un cerveau qui conceptualise sans arrêt. Mais c'est bidon. Il suffit de se droguer une seule bonne fois pour le voir : tout se déconstruit dans la seconde, il n'y a plus de centre, plus de localisation. La méditation permet également de le voir (pas de panique). Mais il y a quantités d'autres moyens pour percer le mur de nos fragiles convictions : la stupeur, l'orgasme, la transe, la dépense extrême dans le sport, la contemplation d'un chat, d'un tigre, une mouche, la fixation impossible du paysage par la fenêtre d'un train, tomber follement amoureux, tomber terriblement malade, tomber d'un pommier la tête la première, tomber tomber tomber et se relever – moitié mort, plus léger. Amen.


mercredi 24 août 2016

mercredi 17 août 2016

jeudi 28 juillet 2016

dimanche 24 juillet 2016

mercredi 13 juillet 2016




vendredi 8 juillet 2016


jeudi 7 juillet 2016


lundi 4 juillet 2016

jeudi 30 juin 2016

lundi 27 juin 2016



mardi 21 juin 2016

Regarde, regarde, regarde les phénomènes.






Voici des années que j'aime le regard de François Matton et que je ne sais comment le lui dire parce qu'il est impossible d'épuiser précisément ce sentiment de vivre qui le constitue. Rien ne me fait davantage basculer dans le rêve que cet œil à deux faces, l'une dirigée vers le monde, l'autre vers l'espace intérieur. 
Par magie de plume d'encre, crayons divers, pinceaux ou tracés numériques, surgissent sur fond immaculé des corps magnifiques, dessinés comme s'ils étaient d'évidence, des bouches à se damner, des forêts où se perdre, des objets éparpillés du quotidien, des monuments isolés dans le ciel aux rayonnements de cinéma, des maisons de quartier, des lapins aperçus en promenade, des jouets et des visages. Le gaufrier des cases, quand il est maintenu, devient une pure séquence d'instants volés, un cabinet de curiosités, un dispositif volontiers expérimental, qui scande les fragments d'une autobiographie suggérée. Il construit déjà, quand je le découvre vers 2009, un monde suspendu dans chaque moment dessiné, un arc fixé dans l'espace entre la rétine-témoin et les objets pris dans son spectre à géométrie variable. Regarde, regarde, regarde les phénomènes. (...)
Luc Vigier, La Nouvelle Quinzaine littéraire.

lundi 20 juin 2016

jeudi 16 juin 2016

Aragon & moi





Le premier volume des Cahiers Aragon vient de paraître - éditions Les Cahiers.


mardi 14 juin 2016

dimanche 12 juin 2016

Une ouverture

(Ce qui s'est passé /4)

Tout ça est terminé maintenant. Je ne juge plus. Enfin, presque plus. Une ouverture s'est faite en moi. Étonnée et prudente au départ, et puis bientôt enjouée, et même reconnaissante. Ça fait drôle. En perdant le réflexe critique, je me suis ouvert à ce qui m'horripilait plus que tout par le passé : l'amour. Oui madame. J'ai encore un peu de mal, j'avoue ne pas m'abandonner facilement, mais le cœur y est, oui, incontestablement, j'en suis le premier étonné. Je me surprends à marcher dans les rues de Paris sans rien trouver à redire à personne. Il m'arrive même de sourire à ceux que je croise. Plus rarement de leur adresser la parole, mais je sens que je n'en suis pas loin. Bientôt il se pourrait que je redevienne agréable, et spontané, et même aimable, et pourquoi pas bientôt aimé.

C'est une chance de vieillir, ça réserve parfois des surprises étonnantes. On se retrouve à glisser sans l'avoir vu venir dans un monde parfaitement insoupçonné. Quelle aventure, mes amis, quelle aventure.


vendredi 10 juin 2016

Devenir adulte

(Ce qui s'est passé /3)


Très vite, à mesure que je jugeais, je me suis séparé de tout. Les mille petites choses chéries que j'aimais tant se sont progressivement éloignées de moi. Je n'étais plus là avec elles – elles en moi et moi en elles –, non, j'étais l'esprit orgueilleux se tenant à distance pour mieux soupeser. Rupture définitive avec l'immédiateté de tout, perte du moindre élan spontané et ému vers le monde, éloignement toujours plus grand de la perception directe à mesure que se développait ma passion du jugement, mon obsession exclusive pour ce qu'il est possible de penser à propos de tout. Et bien sûr je ne voyais pas le problème. Devenir adulte coïncidait pour moi à cette croissance folle des opinions (volontiers les plus paradoxales possibles, tant qu'à se distinguer). Moi parmi les adultes est devenu aussitôt moi contre eux. Moi contre les autres et moi contre le monde – non plus à l'observer silencieusement, mais à le décortiquer, à le mettre sans fin à nu à la lumière de ma prétendue intelligence acquise de fraîche date. Je suis devenu un pur esprit critique, ironique et cynique, coupé de tout. Tout ce que je voyais, je le jugeais ; tout ce que l'on me disait, je le jugeais ; tout ce que je pensais, je le jugeais; tout ce que j'éprouvais, je le jugeais. Je me séparais ainsi de tout à chaque instant. Passion terrible.



mercredi 8 juin 2016

Première métamorphose

(Ce qui s'est passé /2)

Quand je suis entré à l'école des beaux-arts, j'ai achevé ma première métamorphose. J'ai appris que tout ne se valait pas, qu'il fallait distinguer et distinguer encore, prendre parti, juger. J'ai donc rapidement pris l'habitude de tout juger : mes frères (leur comportement idiot, leur intérêt débile pour le sport), mes parents (je passe), les amis de mes parents, mes copains, le goût des uns et des autres, la télé, tout, tout ce que je voyais entendais lisais pensais, je me mettais aussitôt à le juger péremptoirement, argumentant pompeusement, faisant le malin, le pénible content de lui. Ce jeu est devenu une véritable manie, ma seconde nature, renvoyant la première aux orties. J'étais loin d'imaginer dans quelle misère allait me conduire bientôt cette passion critique.

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vendredi 3 juin 2016

Petit

(Ce qui s'est passé /1)

Petit, cheveux d'ange, grands yeux bleus étonnés de tout, sourire désarmant, j'étais un enfant merveilleux. A l'école, on me surnommait "le petit Jésus". J'aimais tout observer de près. Le nez en trompette collé sur la vitre pour suivre la piste baveuse des escargots, les mains fouillant sans fin dans les petits cailloux à la recherche de coquillages, le monde foisonnant de l'herbe, mousse humide mouillant ma culotte, lichen sec sur le tronc des arbres, petits insectes cachés sous l'écorce, tortues surgissant de sous les buissons, hérissons charmants plein de tiques, j'étais aux anges, je ne rêvais pas. Il suffisait d'ouvrir les yeux et de pencher la tête. Joie.

Le jardin était sans fin et se renouvelait chaque jour. Il y avait le monde merveilleux de la mare, celui du ruisseau, le bruit des feuilles dans les peupliers, les coques piquantes chutant des marronniers aux larges feuilles, les limaces, les chenilles, les papillons nombreux et tant d'autres choses dont j'ai gardé le souvenir intact - moi qui n'ai le souvenir de rien.

Je voulais partager avec tous la joie qui débordait en moi. Je riais souvent. Adorable comme tout, j'étais adoré. Je vivais dans l'évidence absolue, la connaissance immédiate de tout avant l'arrivée du savoir.

Et puis, sans que je le vois venir, le temps que j'ignorais a rapidement allongé mon visage. Avec l'âge, je suis devenu anguleux. Plus ironique que rieur, plus inquiet que curieux. Il fallait s'y attendre.




jeudi 26 mai 2016

dimanche 8 mai 2016

Un Homme du Tao




Je voulais être un Homme du Tao qui observe les nuages et laisse l'Histoire faire rage en dessous.
Kerouac, Les Anges vagabonds.

Portrait de Neil Cassady qui ressemble à Kerouac comme deux gouttes d'eau sur un étang couvert de nénuphars.
émoticône wink


samedi 16 avril 2016

Attention !


Ma contribution pour le numéro 12 de la magnifique revue Espace(s)     
publiée par le Centre national d'étude spatiale. 




(D'après une archive « Le premier bâtiment du futur centre spatial de Brétigny-sur-Orge le 23 mars 1963 ».)


samedi 2 avril 2016

Les choses

Eh, les choses,
c'est bon ?
vous tenez le coup ?
vous êtes encore là ?
on veut continuer à croire en vous
ne nous lâchez pas !



mardi 29 mars 2016

I don't care



Je ne dessine bien qu'en petit. C'est plus organique intime modeste, plus proche de l'écriture qui sort dessous la main sans s'étirer sur les murs comme le font ces ânes du Street-Art qui n'ont pas compris que ce qui est précieux ne s’étale pas — ce qui s'étale c'est l'ego, toujours, et il n'en a jamais assez.
Des petits dessins c'est comme des têtards : des embryons riches d'une potentialité qui n'a pas besoin de se déployer en grenouille pour nous attendrir.
Comme un idiot j'ai toujours essayé de trouver le moyen de faire grand (pour vendre et en foutre plein la vue, j'imagine). Comme tous mes essais gestuels se sont vite révélés bidons (de la gonflette), j'ai essayé autrement : en reprise fidèle à grande échelle par le biais de la projection. Ça produit des effets très étranges (genre Alice aux pays des merveilles mattonesques) et je n'ai pas l'impression de me trahir puisque le dessin est exactement le même, au poil de cul près, sauf que c'est plus grand. Pour le reste, I don't care.




vendredi 18 mars 2016

mercredi 16 mars 2016

mardi 15 mars 2016

vendredi 11 mars 2016

jeudi 10 mars 2016

mercredi 9 mars 2016

L'air naturel


Seule occurrence connue à ce jour d'une photo où j'ai l'air naturel.



 Photo Matton 

(je suis une tautologie)

(et un poisson soluble)






lundi 7 mars 2016

samedi 5 mars 2016

mercredi 2 mars 2016

lundi 22 février 2016

samedi 20 février 2016

Hommes, bois, abeilles





« L'humidité du bois, l'odeur de la terre, les couleurs des feuilles de hêtre, du sorbier, du saule des chèvres, de l'aulne blanc tranchant sur le vert sombre des sapins et la splendeur flamboyante d'un merisier ; lui avec son chien ; et le silence amplifié par les brefs appels des oiseaux de passage, par le battement d'ailes d'une grive, par le tintement argentin du grelot attaché au collier de son chien. Marcher comme ça pendant toute la vie. Toujours. »

Mario Rigoni Stern, Hommes, bois, abeilles




vendredi 19 février 2016

jeudi 18 février 2016

On s'y perd



(la volupté suprême
ça fait peur
parfois)




lundi 15 février 2016

samedi 13 février 2016

Éloge de la cabane



« un morceau de canne à sucre pourpre, gros comme une poutre
une mandarine dorée, même le miel ne saurait lui être comparé
dans l’ivresse monte un poème
je saisis mon pinceau, impossible d’écrire »
Yang Wan li (1127-1206) In Éloge de la cabane

vendredi 12 février 2016

mardi 9 février 2016