(ni ceci ni cela)

jeudi 24 mai 2018

Pas de mal

Comme il n'y a pas de moi localisé ici, il n'y a rien d'extérieur là-bas, rien de séparé, rien qui ferait face, rien qui ne puisse me tomber sur la gueule comme une tuile. Donc rien de ce qui apparaît est autre ou étranger. Pas d'altérité avec laquelle devoir dealer. On pourrait dire que tout est soi-même, mais comme il n'y a pas de soi c'est une formulation inexacte. Tout est "ce qui est". C'est tout et c'est parfait. Il n'y a rien d'extérieur à ce qui est (pas de sujet, pas d'observateur, pas de penseur). "Ce qui est" est totalité. C'est un tout indivisible (ou qui ne se divise que dans l'esprit, par imagination). Dans l'expérience directe, sans le recours à la mémoire, il n'y a jamais que l'unité de ce qui est. Si est laissée de côté la prétendue connaissance de qui je suis et de ce qu'est le monde, alors ce qui est vu n'est vu par personne. C'est juste vu. Ou plutôt c'est "voir" - et aucun objet séparé n'est vu. Ce qui est vu n'est rien d'autre que l'expérience de voir. La dualité sujet-voyant/chose-vue est uniquement une fabrication imaginaire de l'esprit.  
Il n'y a pas de mal à fabriquer de la dualité ! C'est très amusant de se faire des frayeurs, c'est distrayant de se raconter des histoires. On passe son temps à ça. A jouer à la dualité. Je serais le chérif et tu serais Billy The Kid. Je serais le chat et tu serais la souris. Titi et Gros Minet, César et Cléopâtre, Docteur Jekyll et Mister Hyde, Robinson et Vendredi. Et pour que la sauce prenne, il faut s'identifier au corps de façon à penser et sentir "je suis ce corps ici, tout le reste là-bas est extérieur à moi". Ça crée un immédiat petit frisson d'angoisse. Alors on est prêt pour la grande aventure du moi dans le monde.